Dans une interview accordée au journal L’équipe, Nate Nanzer, le directeur eSports pour Overwatch chez Blizzard, lève un peu du voile sur leur projet de ligue. Un projet ambitieux, mais qui en cas de réussite pourrait bien révolutionner le monde de l’eSport.
Annoncée en novembre à la Blizzcon, l’Overwatch League n’est pas encore sur les rails mais en cours de développement. Et pour cause, un tel projet ne peut se lancer du jour au lendemain. Le directeur le reconnaît volontiers, l’heure n’est qu’aux voyages et aux prises de contact afin de trouver des investisseurs. En pleines négociations, Blizzard ne peut donc en dire de trop sur son évolution.
Mais pourquoi cette nouvelle compétition pourrait-elle ouvrir une nouvelle ère dans la jeune histoire de l’eSport? Inspiré du sport traditionnel, le concept est à la fois très simple et très compliqué. Chaque équipe représentera une grande ville. Au fur et à mesure de son évolution, le nombre d’équipes et de villes défendues devrait augmenter pour finalement former plusieurs championnats. À l’instar des championnats de foot et des autres sports traditionnels, les supporters pourront donc s’identifier à leur localité ou à l’équipe de leur choix. L’une des questions à l’origine de ce projet était: « Combien de fans d’eSports ont déjà eu l’occasion aujourd’hui d’aller voir une compétition en live? ». Certainement très peu si l’on considère tous les joueurs à travers le monde. Donc si la nouvelle ligue voit le jour, elle aura pour objectif de permettre aux fans de suivre et d’aller encourager plus facilement et régulièrement leur équipe préférée et ce dans sur chaque continent et dans un maximum de pays différents. De la même manière que le fan de foot va au stade pour assister au match.
Un nouveau système qui devrait donc permettre de générer de nouveaux revenus pour les structures et la compétition en général avec des bénéfices identiques au sport traditionnel, à savoir les droits de retransmission, la billetterie ou encore le merchandising (maillot, matériel,…). Si le projet est ambitieux, Blizzard affirme avoir les moyens pour tenter une telle expérience et qu’il est de leur devoir d’innover en ce sens.
En résumé si l’Overwatch League voit le jour comme envisagé, vers le troisième trimestre 2017, elle tendra à pérenniser l’eSport dans le temps et à le stabiliser. Selon Nate Nazer, ce sera la meilleure façon de vivre de l’eSport comme les sportif professionnels.
Mais ne nous y trompons pas. Une fois la ligue lancée (ce qui arrivera sans aucun doute), l’équipe de Blizzard n’en sera qu’au début de son incroyable défi. Cette transformation du monde de l’eSport, de sa compétition et de sa consommation, ne sera véritablement effective que si la ligue parvient à s’installer dans la durée et générer un nombre très important d’équipes dans chaque pays et pas seulement dans chaque continent.
Un pari qui devrait, sauf surprise ou investissements d’envergure, prendre un très grand nombre d’années. Et si l’on rajoute l’instabilité du monde du jeu vidéo dans la balance, et sa propension à rapidement remplacer un jeu par un autre et une technologie par une autre, dans quelle mesure une ligue liée à un seul et unique jeu pourra-elle perdurer dans le temps? La solution pourrait venir dans l’élargissement de ce fonctionnement et de cette nouvelle philosophie à l’eSport en général. Mais fédérer tant de jeux, de compétitions et d’éditeurs aux intérêts financiers concurrents semble, à l’heure actuelle, plus proche de l’utopie qu’autre chose.